Pour comprendre le problème, il convient tout d’abord d’assimiler le principe de la création monétaire. Aussi nous allons commencer par donner dans ce premier chapitre quelques explications succintes.
Principe de la création monétaire
Pour la plupart des citoyens, la création monétaire est du fait des banques centrales : les monnaies sont frappées par la Banque Centrale puis mis en circulation pour être détruite lorsqu’elles y reviennent. Moyennant quoi, on re-émet de la monnaie en fonction des besoins et on la remet en circulation, etc. …
D’aucun pourrait se poser la question de savoir pourquoi il en est ainsi, pourquoi tout simplement la monnaie ne continue pas à circuler au lieu de subir ce processus de destruction-création, lequel entre parenthèse n’est pas spécialement bon pour le climat puisqu’il contribue à la déforestation de la planète, étant entendu qu’un billet de banque est constitué de papier, donc de cellulose.
En fait, la raison en est simple à comprendre : un billet de banque, tout comme un chèque, est censé représenter une certaine valeur possédée par celui qui l’a émis c’est-à-dire l’État. Lorsque ce dernier émet le billet, via la banque centrale, il propose en fait d’échanger cette valeur contre une autre. Le billet est donc une pièce comptable qui ne matérialise donc pas autre chose qu’une transaction. Une fois la valeur échangée revenu à la source, alors qu'elle n'était plus en possession de l’État durant le temps ou le billet a circulé, elle revient donc à son propriétaire d'origine. Cela se passe donc comme si la transaction avait été annulée. Donc, la pièce comptable/billet est détruite. L’Etat peut donc re-émettre un nouveau billet pour faire une nouvelle transaction. Chaque billet représente donc une transaction et une seule. Cette transaction est matérialisé tout simplement par le numéro inscrit sur le billet lequel numéro est donc enregistré dans un registre à la banque centrale.
On appelle ce principe, l’accolement. Toute monnaie est donc ainsi accolée à une certaine valeur échangeable : la masse monétaire totale émise par la banque centrale représente donc en fait la masse totale de la valeur accolée détenue par l’État. Nous verrons un peu plus loin dans notre étude à quoi est accolée exactement la monnaie. Pour l'instant retenez simplement que le billet de banque qui se trouve dans votre portefeuille ne fait en fait que représenter "quelque chose" auquel il est accolé. Tant que ce billet se trouve en votre possession, ce "quelque chose" vous appartient en propre. Une fois que vous refilez votre bifeton à votre buraliste pour acheter votre paquet de clopes le "quelque chose" appartient au buraliste. En échange, vous avez eu un paquet de cigarettes.
Dévaluation et réévaluation de la monnaie
Lorsque l’autorité émet de la monnaie, elle échange donc en fait une partie de la valeur accolée en sa possession, contre une partie de la valeur accolée détenue par une autre entité. Il découle de cela les trois points importants suivants :
- Quand tout va bien, la vitesse de création de la monnaie est identique à la vitesse de sa destruction. On a donc continuellement la même masse monétaire (la somme totale de l’argent qui circule), celle-ci représentant toujours la même masse de valeur accolée puisqu’il rentre autant de cette dernière qu’il n’en sort. La monnaie est dite stable.
- Si la vitesse de destruction de la monnaie augmente par rapport à la vitesse de création, la masse monétaire diminue. En revanche la masse de valeur accolée entrante est supérieur à la masse de valeur accolée sortante, de ce fait la monnaie gagne en valeur. C’est très simple à comprendre, moins de billet pour plus de valeur accolée donc le prix du billet augmente, c’est tout bête !... On dit que la monnaie subit une réévaluation. Cela a un effet bénéfique pour le marché intérieur certes, puisque le pouvoir d’achat des gens augmente (les billets en leur possession valent plus cher), mais malheureusement un effet très négatif sur le marché extérieur. Du coup celui-ci stagne puis régresse ce qui provoque du chômage. En effet le but de l’économie étant de gagner de l’argent, la plupart des Etats s’arrange pour exporter plus que ce qu’ils importent. Si la valeur de la monnaie augmente, automatiquement pour l’extérieur, les marchandises deviennent plus chères et donc non compétitives ce qui entraîne des productions à perte et donc des faillites d’entreprise et par voie de conséquence du chômage. C’est précisément ce qui se passe actuellement en France, nous verrons pourquoi plus loin, dans la partie concernant l’euro.
- Si, tout au contraire, la vitesse de production de la monnaie est plus rapide que la vitesse de destruction, la masse monétaire augmente… ce qui a pour effet exactement l’inverse de la situation précédente : l’argent perd en valeur (puisque dans ce cas la masse de valeur accolée diminue) et donc du coup les marchandises provenant de l’extérieur deviennent plus chères. En revanche le prix des marchandises locales devient compétitif pour l’extérieur et donc, dans cette situation, ce n’est pas l’emploi qui en prend un coup mais, cette fois-ci, le pouvoir d’achat de la population qui utilise la monnaie. Donc de facto la précarité s’installe. C’est le cas de l’Allemagne actuellement, et ce exactement pour les mêmes raisons invoqués ci-dessus. Dans ce cas précis, on parle de dévaluation.
Il n’est pas difficile, sachant cela de comprendre la tactique utilisé par tous les gouvernements pour gérer l’économie et le social. Si on veut créer de l’emploi et faire rentrer de l’argent il suffit de dévaluer la monnaie en augmentant la vitesse de la création monétaire. En revanche, si on veut favoriser le pouvoir d’achat des gens il suffit de faire exactement le contraire, c'est-à-dire réévaluer.
Malheureusement il n’est également pas compliqué de comprendre aussi que les deux politiques sont non seulement totalement incompatibles entre elles mais qu’en prime elles sont contradictoires. C’est soit l’un soit l’autre, pas les deux en même temps. L’astuce consiste donc à établir un juste milieu et à varier le curseur autours de ce juste milieu : quand le chômage augmente, on dévalue pour favoriser l’emploi et quand la précarité s’installe on réévalue pour favoriser le pouvoir d’achat.
C’est la raison pour laquelle le sacro-saint axiome prôné par tous les économistes partisan du "globalisme", qui énonce de manière dogmatique qu’il faut qu’une monnaie soit forte pour avoir une économie saine, est en fait complètement faux. Cette politique n’arrange qu’une très petite minorité de gens, précisément ceux qui ont la possibilité financière d’aller s’installer ailleurs quand ça va mal. Pour le péquin moyen, une monnaie trop forte (chômage) ou trop faible (précarité) a des répercussions très conséquentes sur son niveau de vie. Dans les faits, pour avoir une bonne gestion des affaires sociales il importe que la valeur de la monnaie soit donc adaptée au niveau social de la population de l’État.
la recherche d'un juste milieu pour la valeur de la monnaie serait relativement facile à faire si il n’y avait pas une autre sorte de monnaie. Nous n’avons en effet, parlé ici que de la monnaie "fiduciaire" autrement dit ce que vous et moi, nous appelons le liquide. Dans le prochain chapitre nous allons aborder la monnaie dite "scripturale". Vous allez constater par vous même que l’existence de cette dernière complique diablement les choses.