Le principe de l’accolement des monnaies sur de la dette au lieu de valeurs matérielles concrètes a pour conséquence une situation géopolitique mondiale particulièrement instable. C’est ce que nous allons démontrer ici.
Les accords de Bretton Woods
Nous avons étudié précédemment le cas particulier de la Zone Euro. Elargissons maintenant notre étude à l’Internationale. Tout d’abord un peu d’Histoire.
Nous avons invoqué, dans la partie concernant "l’argent dette", les accords de Bretton Woods. Parlons-en justement de ces fameux accords. Pour ceux qui ne savent pas très bien ce que c’est, je renvoie vers la page Wikipedia qui traîte de ce sujet. Allez la lire. Vous y apprendrez grosso-modo que avant la deuxième guerre mondiale, toutes les monnaies du monde étaient adossées à l’or. Autrement dit, ce sont les réserves d’or contenues dans les coffres des banques centrales qui servaient de garantie. Notez que beaucoup de gens croient qu’il en est encore ainsi actuellement.
En effet, un changement de paradigme fut initialisé juste après la guerre. La plupart des Etats occidentaux ayant subi de gros dégâts durant la guerre il fallait reconstruire, se lancer dans de grands travaux. Or pour financer ces travaux, les réserves d’ors n’étaient plus suffisantes. D’autant plus qu’une grande partie de ces réserves avait disparue ayant été proprement pillées durant cette période particulièrement obscure.
La situation était d’autant plus grave que, rappelons-le, la cause primaire de la seconde guerre mondiale était de facto la grande crise économique que le monde avait traversé en 1929, cette crise ayant progressivement contribué à mettre en place tout un tas de régimes dictatoriales (entre autre le parti nazi avec Adolf Hitler), l’Humanité ayant malheureusement une fâcheuse tendance à opter pour des régimes politiques forts et autoritaires lors des crises qu’elle subit.
Il arriva ce qui devait donc arriver : ce fut le pays qui perdit le moins dans le conflit (et qui même fut le seul à y gagner quelque chose) qui imposa ses règles. Du 1er juillet au 22 juillet 1944 une conférence fut organisé à Bretton Woods au cours de laquelle il fut décidé les points suivants :
- adossement de toutes les monnaies du monde au dollar américain
- adossement du dollar à l’or
- création d’un dispositif (FMI) destiné au financement de la reconstruction des pays victimes de la guerre ainsi que celui des pays en voie de développement… basé bien entendu aux USA et essentiellement financé par les banques américaines.
C’est principalement cela qu’il faut retenir des accords de Bretton Woods. En effet, il ne faut pas être bien malin, une fois les éléments fournis dans l’intégralité de ce qui précède dans ce dossier connus, pour comprendre que ces accords n’ont pas eu d’autres effets que d’interconnecter tous les systèmes bancaires du monde entier entre eux et les rendre complêtement dépendants de la politique monétaire américaine.
Il y a un élément que nous n’avons pas encore dit à ce sujet : la Banque Centrale Américaine (la FED) possède depuis longtemps déjà un statut particulier. Du fait du dogme « libéraliste » inscrit dans le marbre de la Constitution américaine, la FED est en effet complêtement indépendante de l’État américain. Il s’agit ni plus ni moins du regroupement des banques les plus influentes aux Etats-Unis (dont bien entendu les banques Rotschild, Lehman Brothers, JP Morgan, Goldman Sachs, etc. ...) . Les décisions de cette entité sont donc totalement souveraines. Certes, le Congré américain est censé exercer un pouvoir de contrôle mais comme les élections de sénateurs sont fortement dépendantes des financements bancaires… A noter d’ailleurs que, selon une thèse "complotiste", les présidents américains qui ont tenté de mettre fin à ce système ont très mal finis (cas par exemple de John Kennedy).
Vous devez maintenant comprendre la situation. Tant que le deuxième point évoqué ci-dessus (l’adossement du dollar à l’or) est en place tout va bien mais il suffit qu’il ne soit plus respecté pour que se dessine une gigantesque pyramide de Ponzi entraînant avec elle toutes la chaîne financière mondiale.
C’est précisément ce qui se passa en 1973, soit à peine 29 ans après Bretton Woods : le choc pétrolier (d’ailleurs provoqué par la politique américaine poussée par les banquiers de la FED, toujours plus avide) obligea les Etats-Unis à supprimer la parité or/dollar afin de pouvoir permettre une politique de création monétaire (quantitative easing) destiné à compenser la boulimie croissante de consommation de l’américain moyen… entraînant du coup toutes les autres monnaies à suivre le même chemin (c’est ce qui vous explique pourquoi les taux de l’Euro et du dollar se suivent de très près), obligeant la plupart des Etats à s’endetter de façon considérable et à faire reposer leur économie sur leur Dette Publique de telle sorte que cette dernière devienne progressivement la nouvelle valeur d’adossement officielle de leur monnaies…. Cette dette s’externalisant par la suite vers les banques américaines via des fonds de pensions américains qui investissent largement dans les dettes européennes.
C’est ce qui vous explique pourquoi les Etats-Unis sont devenus si influents... Du moins jusqu’à maintenant !... En effet un nouveau bouleversement est actuellement en train de se produire et celui-ci était parfaitement prévisible.
Montée de la puissance de la Chine
Donc dans notre système mondialisé, toutes les monnaies du monde sont en fait adossés au dollar. Or du fait de la société de consommation particulièrement présente aux Etats-Unis, ce pays ne fonctionne qu’avec le crédit. Et donc par conséquence une dette de plus en plus énorme avec les risque que cela signifie, c’est-à-dire, comme on l’a vu tout le long de notre étude, une dette susceptible de se faire approprier. C’est précisément ce qui est en train d’arriver actuellement. En effet, comme nous l’avons déjà dit précédemment, certain pays se sont fait une spécialité de récupérer les dettes des autres afin de mieux les contrôler. L’un d’eux est particulièrement remarquable : la Chine.
En effet, la Chine, contrairement à la plupart des Etats, possède des atouts qui lui permettent d’échapper totalement à l’emprise de leur propre dette publique :
- Tout d’abord ce pays représente à lui seul quasiment le cinquième de la population mondiale (à ce jour 1,303 milliard d’individu) : il est donc un réservoir de main d’oeuvre particulièrement immense.
- Ensuite, le vaste territoire de la Chine est également une gigantesque réserves de ressources naturelles, particulièrement de métaux rares (dont l’or). Vous avez ici un aperçu de ces richesses. De même cet article trouvé sur le Net parle spécifiquement des réserves d’or chinoises.
Ces deux caractéristiques permettent à la Chine d’imposer au monde entier leurs désidératas dans leurs échanges… et donc d’avoir une économie REELLE et non pas virtuelle (cf. partie sur la monnaie scripturale pour saisir la différence qui existe entre les deux types d’économie). Entre autres, la Chine peut se permettre de dévaluer considérablement sa monnaie (et donc de devenir la Mecque des investisseurs) sans pour autant que cela puisse gêner quoi que ce soit dans le règlement de ces importations puisqu’elle peut également se permettre de payer ces dernières non pas avec de la monnaie mais des matières premières (avec de l’or physique par exemple).
Comme nous l’avons dit ci-dessus ainsi qu’ailleurs dans le dossier sur la monnaie, la Chine s’est lancé dans une politique de rachat des dettes souveraines: par exemple, selon le site de FranceTVInfo en 2015 elle possèdait 80 % de notre dette sociale (laquelle représente actuellement 77,2 % de la Dette Publique Française). En fait, elle est même devenu le premier créancier de nombreux pays (dont entre autres les USA).
Pour avoir une idée de ce que peut donner une externalisation de la Dette, il suffit de se rappeler ce qui est arrivé à la Grèce il y a peu. Celle-ci s’est retrouvé, à la suite de la combinaison d’une très mauvaise gestion de l’État, de la crise des subprimes aux USA, des malversations de la banque Goldman Sachs et de l’incompétence de son premier ministre Alexis TSIPRAS au bord de la faillite. C’est la Chine qui aida la Grèce dans ses démêlés avec l’Union Européenne. Le résultat de cette "aide désintéressée" le voila, il est décrit dans cet article de Slate.fr.
Il importe ici de constater un point important. Le rachat des Dettes Publiques par la Chine est particulièrement bien accepté par les populations des pays en voie de dévellopement. Rappelons que ces derniers sont également pourvoyeurs de ressources pour la plupart et qu’ils en ont gros sur le coeur quant à la politique de colonisation qu’ils ont subit pour la plupart de la part du monde occidental à travers les siècles. La Chine a su précisément éviter de tomber dans ce piège et, en bon commerçant, s’attache tout particulièrement à présenter la chose en tant "qu’échange gagnant-gagnant"… : "Vous nous intéressez. On vous aide pour faire du bizness avec vous et non pas pour vous coloniser.Hors de question de se mêler de votre politique interne comme l’ont fait certains. Cela ne nous regarde pas." a-t’elle su dire aux Etats qu’elle a peu à peu pris sous sa coupe !... Une politique commerciale qu’elle peut parfaitement assumer puisqu’elle est elle-même pourvoyeur de ressources comme nous l’avons vu ci-dessus !... Vous pouvez parfaitement vous rendre compte de ce point important en écoutant intégralement l’enregistrement sonore d’un "space Twitter" que nous avons organisé il y peu, ce "space" ayant pour objet "Afrique et géopolitique":
Fixez un rappel pour notre prochain Espace !
— Demo (@SplatyD) June 14, 2022
Avec @FConstituante https://t.co/C6eKKZoOaj
Petit à petit se sont regroupé autours de la Chine d’autres puissances, lesquelles ont toutes comme point commun le fait d’être pourvoyeur de ressources et d’avoir salement souffert des agissements pas très propres de nos gouvernements occidentaux pour phagocyter ces dernières :
- Le Brésil
- La Russie
- l’Inde
- L’Afrique du Sud
Ces pays forment avec la Chine les BRICS actuellement, une puissance économique avec laquelle il va falloir compter maintenant.
La Nouvelle Banque de Développement (NDB BRICS)
La suite logique des choses se produisit en 2014 : les BRICS décidèrent de se passer du FMI… et donc adieu la dépendance de ces pays à l’Oncle Sam !... En juillet 2014 ils créérent la "New Development Bank" dotée d’un fond initial de 100 milliards de dollars (41 d’entre eux étant fournie par la Chine). Un fond certes moindre que celui du FMI mais qui, contrairement à ce dernier, reposait sur de l’économie REELLE puisque, rappelons-le, les BRICS sont en fait les plus grands exportateurs de ressources naturelles.
Le but de la Chine est maintenant connu : imposer un nouveau paradigme sur la monnaie… ou plus exactement revenir au bon vieil étalon-or !… ce qui avantagerait très nettement les BRICS étant donné que :
- la Chine est le plus grand producteur d’or mondial et vraisemblablement le plus grand détenteur
- le marché de l’or le plus important est l’Inde (du fait de la spécialisation de ce pays dans la production des composants électroniques)
… et ce qui désavantagerait considérablement les USA étant donné que ces derniers ont quasiment toutes leurs réserves d’ors préemptés du fait des agissements des banquiers de la FED qui ont à plusieurs reprises manipulé artificiellement le cours du métal précieux pour maintenir le dollar agonisant sous perfusion (cf page ici) !…
Et comme les monnaies occidentales (dont l’Euro) sont dépendantes du dollar….
Du coup, il n’est guère étonnant que les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, trouve un prétexte pour s’attaquer au point faible des BRICS, à savoir la Russie par l’intermédiaire d’un petit Etat dont tout le monde se foutait jusqu’à présent, l’Ukraine, pays dont on remarque d’ailleurs qu’il ne doit son existence que précisément grâce à un certains nombre de "black operations" organisées par des officines douteuses affiliés plus ou moins à la CIA. Cf page Wikipedia ici pour plus de renseignements au chapitre "Controverses".
Dans le prochain chapitre, on parlera des crypto-monnaies.